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Séminaires transversaux de l'École doctorale
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2021-2023
La conversation médiatique et médiatée, entre civilité et socialité.
Programme
Ce séminaire envisage de suivre une partie de la programmatique de G. Tarde, qui envisage « une histoire complète de la conversation chez tous les peuples et à tous les âges » (Tarde, 1901 : 7). Reprenant cette proposition, mais aussi une certaine conception maximaliste de cet auteur (puisque dans sa génétique, il appréhendait les échanges épistolaires comme l’un des maillons de l’histoire de celle-ci), est ici envisagée l’apparition de ce rapport social élémentaire. Mais si G. Tarde attribue la diversité des conversations à différents facteurs (nature des causeurs, degré de culture, situation sociale, origine, habitudes professionnelles, religion) et critères (sujets traités, ton, cérémonial, rapidité d’élocution, durée), il n’envisage pas les supports et canaux, qu’il neutralise au profit des dynamiques interactionnelles ; ainsi, l’échange téléphonique, utilitaire, ne constitue pas une conversation à ses yeux, alors que le journal est une conversation publique, « procédant (…) de la conversation privée » (Tarde, 1901 : 73). C’est sur ce point que nous divergeons de cet auteur, nous proposant d’aborder celle-ci sous diverses formes et en divers lieux (médias, littérature, cinéma, enseignement).
Des causeries policées sur les ondes radiophoniques aux échanges dans les réseaux sociaux numériques, l’objectif de ce séminaire est d’établir les enjeux de la conversation, de ses avatars et de ses représentations. Partant d’un descriptif, celui défini par l’analyse dite conversationnelle, il envisage d’augmenter l’empan et l’entour de celle-ci en questionnant la transposition des techniques langagières aux dispositifs de communication médiatique, aux textes littéraires ou philosophiques, au scénarisations filmiques ou vidéoludiques, questionnant les dimensions (micro)sociologiques et culturelles ainsi impliquées.
Forme primordiale de la sociabilité humaine (Heritage, 2008), la conversation permet d’esquisser les traits biographiques des personnages dans la littérature ou le cinéma. À la fois source et ressource, elle se présente dans les médias (interview, commentaire sportif dual, talk show) sous une forme dite artificielle, mais ressurgit sous sa forme naturelle au détour d’un oubli du cadre.
Scène fondamentale de la vie sociale (« the fundamental or primordial scene of social life » « a distinctive form of this primary constituent of social life ») (Schegloff, 1996 : 54), elle est centrée sur le contact, et porteuse d’une forte coloration consensuelle. En d’autres termes, la finalité de celle-ci est le maintien du tissu social.
Ainsi, du public au commun ou du public au privé, la conversation est l’opérateur, l’interface qui permet de passer d’un niveau à l’autre. G. Tarde renvoie à M. Gidding, dont il estime les perspectives particulièrement éclairantes. Glosant cet auteur, il avance que « quand deux hommes se rencontrent, la conversation qu’ils ont ensemble n’est qu’un complément de leurs regards réciproques par lesquels ils s’explorent et cherchent à savoir s’ils appartiennent à la même espèce sociale, au même groupe social » (Tarde, 1901 : 61). C’est également en ceci que ce séminaire compte explorer la conversation, en tant qu’elle permet de faire émerger les publics et les identités, comment la coprésence réelle ou virtuelle devient conversation et comment cette conversation, fait groupe, structure, et construit le groupe en public.
La configuration conversationnelle des échanges langagiers contribuerait également à une socialisation de la forme du discours médiatique, non seulement dans le but de créer les effets de familiarité, mais aussi afin de convoquer les logiques sociales à l’œuvre dans la réception du spectacle audiovisuel. Celui-ci produit une forme de parole captée, « une conversation ‹ naturelle › qui s’opposerait à la déclamation théâtrale » (Schaeffer, 1970 : 104-105), que P. Schaeffer recherche à travers les expériences du Studio d’Essai. Cette naturalité du lien conversationnel produit donc un lien de sociabilité faisant émerger, en raison de l’ordre de l’interaction, des attentes quant à la conduite de l’autre, un langage, un système de représentations, un ensemble de traces matérielles de la médiation. Le sens ainsi construit est celui du lien social que génère toute pratique spectatorielle, ce qui conduit O. Welles à faire de la télévision une conversation, i. e. une familiarité, perception que reprend A. Bazin (1951). En effet, les pratiques conversationnelles ne dépendent pas tant de caractéristiques sociales et psychologiques qu’elles ne sont un révélateur – J. Heritage (2008 : 303) parle de medium – de ces dernières dans une perception de la parole comme sociabilité.
Séance 1 →
Séance 2 → Vendredi 18 février 2022
Séance 4 → Vendredi 22 avril 2022
Séance 5 → Vendredi 13 mai 2022
Bibliographie indicative
BAZIN André, « Vive la radio, à bas le huitième art. Le cinéma, la radio et le péché d’angélisme. Paradoxe d’un cinéaste sur la radio », Radio-Cinéma-Télévision, n° 58, 25 février 1951 (EC I, pp. .691-692).
HERITAGE, John, 2008, « Conversation analysis as social theory », The New Blackwell Companion to Social Theory, 300-320.
SCHAEFFER, Pierre, 1970, Machines à communiquer, Vol. 1, Paris: Seuil.
SCHEGLOFF, Emanuel A, 1996, « Turn organization. One intersection of grammar and interaction », Studies in Interactional Sociolinguistics, 13, 52-133.
TARDES, Gabriel, 1901, L’Opinion et la foule, édition électronique réalisée à partir du livre de Gabriel Tarde, Paris : Les Presses universitaires de France, 1989, 1re édition.
Pour une axiologie des arts et des lettres : valeur des oeuvres et discours des valeurs.
Programme
Toute thèse dans le domaine de la littérature ou des arts engage un effort pour comprendre et interpréter les œuvres au plus juste. Cela nécessite de convoquer différentes approches : historique (histoire littéraire, histoire des arts, histoire culturelle), esthétique et stylistique, herméneutique (suivant différents courants de la critique littéraire), idéologique, etc. Quoique l’exercice académique qu’est la thèse prétende à l’objectivité scientifique, il n’est pas exempt de tout jugement de valeur, qu’il convient d’expliciter. L’axiologie offre donc une autre entrée fructueuse dans les œuvres, à deux niveaux :
- L’appréciation qualitative des œuvres (autrement dit, leur valeur : comment la définir ?)
- Le contenu éthique des œuvres (autrement dit, les valeurs qu’elles véhiculent : quel rapport au monde expriment-elles ?)
Ce questionnement, qui permet d’interroger les œuvres dans leur complexité, connaît un regain d’actualité dans la réflexion critique de notre début de XXIe siècle (voir Bibliographie), peut-être en réaction ou en réponse à la crise du sens engendrée par l’effondrement des idéologies et le désenchantement du monde postmoderne. S’interroger sur la valeur des œuvres, c’est aussi se demander ce que peuvent les arts et la littérature.
Penser les œuvres par l’axiologie, c’est les considérer dans un jeu fécond de tension dialectique entre la forme et le contenu, l’absolu et le relativisme, l’actuel (contingent) et l’intemporel (universel), la norme et sa transgression, l’utilité et la gratuité. C’est se confronter aux fluctuations de l’histoire du goût et de la réception des œuvres (d’où la nécessité de repenser le canon). C’est comparer les arts, les genres, les sujets et interroger leurs possibles disparités (y a-t-il des arts « majeurs » ou « mineurs », de « grands » et « petits » genres, des sujets « sérieux » ou « légers » ?) Pourquoi la Phèdre de Racine l’a-t-elle emporté sur la Phèdre de Pradon (toutes deux écrites en 1677) ? Les héros des Vies minuscules narrées par Pierre Michon (1984) sont-ils moins importants que ceux de L’Iliade d’Homère ? L’intensité poétique d’un haïku de deux vers peut-elle rivaliser avec Les Contemplations de Victor Hugo ? Un best seller a-t-il une valeur autre que commerciale et médiatique ? Une œuvre d’art doit-elle être belle ? Quelle expérience éthique est déclenchée par des œuvres aussi dissemblables que La Joconde de Vinci, Le Radeau de la Méduse de Géricault, un ready-made de Duchamp ou un monochrome noir de Soulages ? Quels sont leurs prix respectifs sur le marché de l’art ? De quoi Bach est-il le nom ? La liste de questions pourrait encore s’allonger…
Le présent séminaire aidera à identifier les niveaux d’analyse passibles d’une approche axiologique, dans une perspective pluridisciplinaire (littérature, arts, philosophie), diachronique (de l’Antiquité à aujourd’hui) et multiculturelle (littératures française et anglophone). Les enseignants-chercheurs impliqués exploreront le champ axiologique à partir de leurs domaines de spécialité ; ils développeront des études de cas et proposeront des repères historiques et conceptuels.Séance 1 → Vendredi 11 mars 2022
URL fiche de présentation : https://erraphis.univ-tlse2.fr/accueil-erraphis/equipe/mouze-letitia
Séance 2 → Vendredi 18 mars 2022
URL fiche de présentation : https://plh.univ-tlse2.fr/accueil-plh/annuaire/mme-florence-bouchet#/
Séance 3 → Vendredi 25 mars 2022
URL fiche de présentation : https://lla-creatis.univ-tlse2.fr/accueil/lequipe-daccueil/les-membres-permanents/sounac-frederic
Séance 4 → Vendredi 1er avril 2022
URL fiche de présentation : https://cas.univ-tlse2.fr/accueil-cas/membres/isabelle-keller-privat
Bibliographie indicative
BOURGEOIS, Muriel, GUERRIER, Olivier, et VANOFLEN, Laurence. Littérature et morale 16e-18e siècle. De l’humaniste au philosophe, Paris, Armand Colin, 2001.
CALVINO, Italo. Pourquoi lire les classiques ? (1981), Paris, Gallimard, « Folio », 2018.
CANVAT, Karl, et LEGROS, Georges (dir.). Les valeurs dans/de la littérature, Presses universitaires de Namur, 2004, coll. « Diptyque ».
CHIRON, Pascale, et RADI, Lidia (dir.). Valeur des lettres à la Renaissance. Débats et réflexions sur la vertu de la littérature, Paris, Classiques Garnier, 2016.
CHOLLIER, Christine (dir.). Qu’est-ce qui fait la valeur des textes ? Presses universitaires de Reims, éPURe, 2011.
COMPAGNON, Antoine. Le démon de la théorie. Littérature et sens commun, chap. 7 : « La valeur », Paris, Seuil, 1998.
COMTE-SPONVILLE, André. Valeur et vérité. Études cyniques, Paris, PUF, 1994.
GENETTE, Gérard. L’œuvre de l’art, t. 2 : La relation esthétique, Paris, Seuil, 1997, « Poétique ».
HASKELL, Francis. La Norme et le Caprice. Redécouvertes en art (1976), Paris, Flammarion, 1986, rééd. « Champs ».
HEINICH, Nathalie. Des valeurs. Une approche sociologique, Paris, Gallimard, 2017, « Bibliothèque des histoires ».
JOUVE, Vincent. Poétique des valeurs, Paris, PUF, 2001.
— (dir.). La valeur littéraire en question, Paris, Éditions L’Improviste, 2010.
LAFARGE, Arlette. La Valeur littéraire. Figuration littéraire et usages sociaux des fictions, Paris, Fayard, 1983.
LANGER, Ulrich. Vertu du discours, discours de la vertu : Littérature et philosophie morale au XVIe siècle en France, Genève, Droz, 1999, « Cahiers d’Humanisme et de Renaissance ».
LORENZINI, Daniele, et Revel, Ariane (dir.). Le Travail de la littérature. Usages du littéraire en philosophie, Rennes, PUR, 2012, « Aesthetica ».
ORLÉAN, André. L’empire de la valeur. Refonder l’économie, Paris, Seuil, 2011.
RABATÉ, Dominique (dir.). L’art et la question de la valeur, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, « Modernités » n° 25 ; En ligne : https://books.openedition.org/pub/2516
SAINT-JACQUES, Denis (dir.). Que vaut la littérature ? Québec, Nota Bene, « Cahiers du CRELIQ », 2000.
STEINER, George. Réelles présences. Les arts du sens, Paris, Gallimard, 1990, rééd. « Folio ».
VAUGEOIS, Dominique (dir.). La Valeur, Revue des Sciences Humaines, n° 283-3, 2006.
VOISIN, Patrick (dir.). La valeur de l’œuvre littéraire, entre pôle artistique et pôle esthétique, Paris, Classiques Garnier, 2012.
2020-2022
Genres et sexualités dans la culture moderne et contemporaine (XIXe-XXIe siècles)
Il s’agit d’interroger, dans les discours, dans les œuvres et dans les pratiques, contemporaines ou de la modernité, les représentations du féminin et/ou du masculin, les places et les rôles des hommes et des femmes, leurs relations, ainsi que les troubles éventuels dans les partages «évidents»ou dans les différenciations traditionnelles ou instituées. Les chercheurs et chercheuses programmé.e.s travailleront en toute liberté sur ce thème à partir de leurs disciplines et de leurs corpus privilégiés, en articulant, comme ils et elles le souhaitent, approche poétique, esthétique, communicationnelle, philosophique, historique, etc., et lecture critique et politique. Ils et elles pourront, par exemple, au sein des productions culturelles (littérature, arts, médias, discours philosophiques) modernes et contemporaines, interroger les normes véhiculées, transgressées ou subverties, mettre en évidence les idéologies ou les politiques qui innervent les dispositifs, les formes et les représentations. Ils et elles pourront montrer en quoi les objets ou phénomènes étudiés reflètent, reconduisent, critiquent ou réinventent le genre, ou encore, à travers des approches intersectionnelles et queer, l’articulation entre le genre et les sexualités;il sera bien évidemment possible, au-delà de cette relation entre genre et sexualités, de décrire, d’interroger ou de critiquer d’autres catégories et binarités qui irriguent nos manières de penser et de sentir.
Séance 1 → Lundi 29 novembre 2021
Séance 2 →
À partir d’exemples concrets, on resituera d’abord l’artiste dans le contexte de l’actionnisme viennois, puis on montrera, notamment au travers de modes particuliers d’appropriation mentale et matérielle de l’espace viennois, comment la question de la structure imitative du genre a été soulevée dans ses approches pluri- et intermédiales à travers des stratégies d’appropriation et de détournement des stéréotypes de la femme et une réflexion sur la reproduction/reproductibilité de ces clichés.
Séance 3 → Lundi 7 février 2022
Séance 4 → Lundi 28 mars 2022
Littérature de voyage
Programme
Longtemps considérée comme une sous ou para-littérature, constituée pour l’essentiel de journaux, récits brefs, comptes-rendus ou de correspondance, la littérature de voyage fait au contraire de nos jours l’objet d’une réflexion critique qui cherche à comprendre les mécanismes d’une écriture qui, si elle se fonde a priori d’abord sur une expérience, celle du voyage, ne s’affranchit néanmoins pas des éléments constitutifs de toute littérature : références littéraires, citations, volonté d’intéresser le lecteur, etc. Ainsi existe-t-il par exemple un Centre de Recherche sur la Littérature de Voyages (CRLV) par exemple à l’Université d’Aix-Marseille. Les éditeurs et les libraires aussi l’ont bien compris et proposent de nos jours une classification intéressante comme celle de «classiques de la littérature de voyage». L’objectif de ce séminaire sera de proposer aux doctorants une vision diachronique et pluriculturelle des formes de la littérature de voyage, pour en dégager les constantes qui en constituent le genre.
Séance 1 →
Séance 2 →
Séance 3 →
Séance 4 →